Quand on pense "santé" et éducation santé, on
pense plus fréquemment à la prévention du tabagisme, du SIDA ou des
traumatismes qu'à laprévention de la santé mentale ou la promotion du
bien-être. Il existe pourtant des besoins dans ce domaine, puisqu'il
existe de la souffrance, comme le montrent
les données qui suivent, extraites d'une étude de la santé mentale et
des toxicomanies chez les jeunes de la Région de Bruxelles-Capitale.
DONNEES
PENSEES SUICIDAIRES
En réponse à la question "as-tu déjà pensé mettre fin à ta vie",
le pourcentage d'adolescentes de l'enseignement secondaire de la Région
de Bruxelles-Capitale déclarant avoir des pensées suicidaires est
présenté dans le graphique 1.
Graphique 1 :
Fréquence des pensées suicidaires (%) chez les filles selon l'âge.
(n=1231).
Les données relatives aux garçons du même âge sont résumées dans le
graphique 2
Graphique 2 :
Fréquence des pensées suicidaires (%) chez les garçons selon l'âge.
(n=929).
(1) L'étude n'est pas représentative de l'ensemble des
jeunes de 19 ans (et plus).
COMMENTAIRES
TENTATIVES DE SUICIDE
Parmi tous les élèves interrogés lors de cette enquête dans la
Région de Bruxelles-Capitale (n=2160), 2% disent avoir tenté de se
suicider à plusieurs reprises et 6% déclarent un seul essai. La
proportion de filles qui ont fait une tentative de suicide est
supérieure à celle des garçons
(9,4% contre 6,6%).
Les idées suicidaires sont plutôt féminines, particuliè èrement
dans le groupe des 15-16 ans. Contrairement aux garçons, la proportion
de filles préoccupées par le suicide a tendance à augmenter avec l'âge
(de 21 à 33%).
Le fait qu'un tiers des jeunes déclarent avoir considéré le
suicide nous rappelle que l'adolescence est une période difficile que
tous ne peuvent traverser sans heurts. Ces pensées ne restent que des
idées noires éphémè ères pour la majorité des jeunes (25%).
Une moyenne de 9% déclarent toutefois avoir été habités plus
régulièrement
par cette idée de suicide. Les tentatives de suicide sont le fait de 8%
des jeunes interrogés. Il s'agit clairement ici de jeunes en détresse.
Les filles sont plus représentées que les garçons dans ce groupe. Des
études étrangères soulignent que les jeunes qui s'absentent de l'école
ou sont en décrochage scolaire, sont proportionnellement plus nombreux
à avoir des idées suicidaires ou à faire une tentative de suicide. Ces
résultats n'ont pas été vérifiés dans notre pays mais on peut faire
l'hypothèse que la situation n'est pas très différente. Les chiffres
ci-dessus sont donc probablement une sous-évaluation de la situation.
L'attention accordée à ce phénomène est encore insuffisante.
Une étude plus approfondie sur les idées suicidaires et les tentatives
de suicide des jeunes s'avère nécessaire. C'est, en effet, ainsi que
l'on pourra identifier les déterminants psycho-sociaux de comportements
suicidaires au niveau de la population jeune et donc identifier des
prédicteurs qui permettront de référer le jeune en difficulté vers les
structures de prévention individuelle.
D'autres études montrent la relation entre les tentatives de
suicide et un sentiment d'absence d'avenir, de détresse psychologique,
de désorganisation familiale, d'échec scolaire et d'estime de soi
faible. Les relations entre ces facteurs et les idées suicidaires
existent également dans une moindre mesure.